Dans la vie il y a deux genres de personnes, celles qui installent leur studio à la va comme je te pousse et celles qui font ça dans les règles de l’art. Si je vous disais que vous pourriez, pour 0$, améliorer significativement votre système d’écoute en prenant le temps de bien vous installer? Trouver la position d’écoute optimale, le «sweet spot», par des moyens techniques plutôt que par pure intuition est une excellente première étape pour arriver à s’approcher de l’inatteignable Vérité audio.

En tant que travailleur du son moindrement sérieux vous devez comprendre les bases de l’acoustique. C’est un sujet qui peut devenir très complexe je l’admets, mais négliger cet aspect peut franchement miner la qualité de votre travail. C’est pourquoi vous devez prendre action pour optimiser la précision objective de ce que vous entendez quand vous pratiquez votre art / science. Je suis loin d’être un expert en la matière, mais l’information de qualité abonde sur internet et dans les livres. Dans cet article j’aimerais vous résumer ce que j’ai trouvé et ce que j’ai fait pour m’aider à dénicher la meilleure position d’écoute dans ma pièce.

Les modes à maîtriser

Chaque pièce, chaque studio, à une personnalité acoustique. On peut la représenter, entre autres, selon sa distribution modale. Les modes sont des interactions acoustiques qui ont lieu dans la pièce. La meilleure analogie consiste à visualiser une petite piscine. Si on y lance une grosse pierre, les vagues sont d’abord très ordonnées. Elles vont frapper les bords, reviennent et créent de l’interaction avec les premières vagues générées. Cela crée un certain chaos jusqu’à ce que toute l’énergie de l’impact initial soit dissipée. C’est à peu près ce qui se passe dans votre pièce avec les vagues acoustiques. Ce phénomène est présent dans les basses fréquences, les hautes fréquences se comportant d’une manière différente.

Graphique de distribution modale

Si on n’y prête pas attention, les modes faussent la précision de notre écoute et on se retrouve avec des productions qui sonnent bien dans le studio mais moyen-moyen, voire pas super dans le «monde réel» à l’extérieur du studio. Bien qu’on ne puisse les éliminer, on peut au moins les atténuer par du traitement acoustique adéquat. On peut également limiter leur influence en se positionnant au point où se produisent le moins d’interactions. Ah OUI! C’est ça le «sweet spot»!!!

Débuter le positionnement

Pour s’aider à bien se positionner, on doit d’abord identifier les pires lieux. Prenez précisément les dimensions de votre pièce avec un rouleau à mesurer. On en aura besoin. Dans mon cas, les mesures sont les suivantes. Longueur : 23 pieds. Largeur : 11 pieds. Hauteur : 8 pieds.

Sur une pièce rectangulaire, comme la majorité des pièces, il vaut mieux se positionner sur le sens de la longueur. Ainsi vous éloignez le mur de derrière qui est, en gros, l’obstacle qu’on aimerait éviter le plus possible. Autrement les haut parleurs envoient l’énergie directement sur une surface réfléchissant le son. En étant proche du mur de derrière on reçoit une tonne de réflexions avec un mini délais.

Même chose dans le sens de la longueur, il vaut mieux s’installer vers le devant de la pièce. L’image ci dessous est un contre exemple. Ça c’est le pire endroit. Le petit rond étant la personne qui écoute, les deux carrés étant les haut-parleurs.

NON NON NON! Pire endroit

Sinon, la physique acoustique nous a appris que de la position d’écoute à 50% de la longueur est généralement une très mauvaise zone d’interaction acoustique. À 25% à l’avant et à l’arrière c’est pas super non plus..

La littérature sérieuse sur le sujet nous informe qu’à 38% de la longueur de la pièce, on risque de se trouver dans la zone agréable. Ce serait donc un bon point de départ pour prendre des mesures acoustiques. Étant donné qu’on veut s’éloigner du mur du fond, on inscrit un premier point de mesure à 38% à partir du mur qui nous fera face. On pose un petit papier de collant de couleur à la mesure correspondante.

Vous pourriez vous installer là, aller vous faire un café, la satisfaction dans le coeur. Ce ne serait pas trop mal. Mais non, on va faire mieux que ça parce qu’on est des perfectionnistes, hein?

Découvrez Room EQ Wizard

On va «fine-tuner»,. À l’aide de quelques mesures et tests d’écoute on va arriver à situer exactement le «sweet spot». Téléchargez d’abord l’application gratuite Room EQ Wizard. C’est un logiciel très complet (et complexe) mais on peut l’utiliser de manière assez simple pour obtenir les des lectures qui vont nous aider à savoir où se trouve le meilleur point d’écoute dans notre pièce.

Si vous avez en votre possession un microphone de mesure acoustique, vous gagnez des points. Sinon, allez vous faire un ami qui en a un ou achetez en un. Ce n’est pas si cher et ça va vous servir pour les années à venir. Dans le pire des cas, vous pouvez toujours prendre un microphone «normal». Ce ne sera pas aussi précis mais ça vous aidera quand même à lire grossièrement votre salle d’écoute.

Ouvrez Room EQ Wizard. Appuyer sur Measure en haut à gauche.

Comme ça!

Ajustez les volumes selon les indications. Un haut parleur seulement pour l’instant. Vous obtiendrez un graphique qui ressemble à ça.

On s’intéresse à l’information sous les 250 Hz. Là où les interactions modales se produisent.

Pour être moins troublé par la multitude de petits creux qui, au final, n’ont pas tant d’influence sur ce qu’on entend. On peut arrondir la courbe au 1/3 Octave, qui s’apparentent davantage à ce qu’on perçoit à l’oreille. On fait CTRL+Shift+3 pour le «smoothing». Sur le graphique ce dessous, on peut identifier le plus gros creux ou le plus gros boost sur une fréquence. Dans ce cas ci j’aimerais m’attaquer au creux à 158 Hz.

Un test d’écoute simple

Dans un autre logiciel (ProTools, Cubase, Logic,etc), je vais donc faire jouer une onde sinusoïdale à 158 Hz. Maintenant, ouvrez vos oreilles, fermez vos yeux et écoutez bien à partir du point de mesure initial. Avancez et reculez légèrement dans l’espace afin d’écouter l’endroit où le creux est moins pire. Un pied ou deux maximum en avant ou en arrière du point de référence. L’intensité de l’onde sinusoïdale va varier selon le point où vous vous trouvez. Quand vous trouvez un point où le creux est moins pire, marquez-le et je reprenez une mesure à cet endroit.

Voyez, ma ligne de référence verticale bleue ci dessous. Le creux n’est plus là. D’accord il s’est déplacé à gauche un peu, mais notez qu’il est moins prononcé qu’avant. Sachez qu’il est impossible d’éliminer 100% des creux. Si vous avez une différence crête à crête d’un maximum +/- 10 dB (+5 en haut, -5 en bas max) dans les variations, vous êtes dans la zone. Je vous invite à lire cet article pour comprendre un peu mieux qu’est-ce qu’on vise exactement. Comprenez que nous sommes ici dans les micros ajustements. On peut comparer les courbes pour savoir quel est l’endroit optimal avec le bouton ALL SPL.

Récapitulons. Dans le cas de mon studio, je suis parti sur le point de référence recommandé par les acousticiens, soit, à 38% de la longueur. J’ai pris une mesure et j’ai ajusté avec la technique que je viens de vous décrire. Au final, je suis arrivé à une position optimale à 43% de la longueur de la pièce pour mon «sweet spot». L’exercice n’a pas été long et je n’ai jamais eu un point d’écoute aussi riche.

Avant de dépenser un dollars de plus en matériel ou en plugins, je vous invite fortement à revoir votre «sweet spot» et vous assurer que vous êtes à l’endroit optimal. La différence est incroyable. Pour 0$. Profitez-en pour me donner vos trucs ou me recommander des articles pertinents.

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2 réflexions sur “À la recherche du «sweet spot».”

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